🪞 Ô mon beau miroir...
Oṃ !
Nous célébrons le festival de Navarātri depuis mercredi 6 octobre.
Au cours de ces neuf nuits (nava, neuf ; rātri, nuits), il est d’usage de célébrer différentes divinités féminines. Dans les traditions hindoues, pour autant qu’on puisse généraliser, le féminin représente la forme la plus complète du divin : la déesse est à la fois l’absolu « à l’état pur » et sa manifestation sous la forme de l’univers tout entier (ses homologues masculins représentant plutôt l’absolu dans sa forme non manifestée, ou sous la forme d’un individu tout puissant, un avatar).
Śrī Saraswatī représente les savoirs et les arts, le raffinement et l’intellect.
Ces déesses, aux formes tantôt charmantes, tantôt effrayantes, incarnent spécifiquement les puissances à l’œuvre dans l’univers : Śrī Lakṣmī, la prospérité, Śrī Saraswati, le savoir, Śrī Kāli, l’annihilation – et bien d’autres encore. Ces figures sont autant d’opportunités de réfléchir aux différentes forces qui se manifestent dans nos vies et les transforment, aux façons dont elles agissent et à ce qu’elles nous enseignent.
Notre société traverse précisément ces jours-ci une période de questionnement aigu concernant les religions organisées avec la publication du rapport Sauvé, qui met en exergue les conséquences graves et violentes pour l’ensemble de l’Église catholique de son organisation patriarcale – ce qui ne manque pas de soulever des questions concernant les institutions religieuses et spirituelles avec lesquelles nous pouvons avoir été en contact au cours de nos parcours, par conviction, par tradition ou par nos activités.
Si vous souhaitez échanger sur votre expérience ou ce que ces nouvelles évoquent pour vous, je reste joignable en privé.
Le Devi sūktam
Représentation de Lalitā ou Tripurasundarī
Dans ce contexte propice à la réflexion, je vous propose une traduction libre du Devi sūktam. C’est un texte tiré du Ṛg veda saṃhitā, un hymne à la première personne et accordé au féminin, à comprendre selon la grille de lecture védantique :
1. Les forces invisibles de la nature et de l’univers, les vents et le soleil à chaque étape de sa course dans le ciel m’empruntent le pas ; je suis le support des cieux et des eaux, de la lumière, de l’espace et des sciences.
2. Les lois de l’équilibre cosmique, de la prospérité et de la vie tirent de moi leur force ; tous les êtres obtiennent de moi, par leurs actions, richesse et protection.
3. Je suis la souveraine de l’univers, la détentrice de toutes les richesses, la sagesse même, la destinataire finale de toutes les louanges ; j’ai été placée en maints lieux, m’incarne de diverses manières et me manifeste sous de nombreuses formes.
4. Qui mange le fait par moi, qui voit, qui respire, qui entend le fait par moi; celleux qui ne me connaissent pas périssent. Que qui peut entendre m’écoute : mes mots sont digne de foi.
5. Je déclare ce qui est vérifié par les sages ; la personne que je choisis est exaltée, devient visionnaire (ṛṣi), l’absolu (brahman) ou infiniment savante.
6. La destruction même tire sa puissance de moi pour abattre l’ennemi qui cause douleur et division. Je combats l’hostilité ; je suis omniprésente dans les cieux et sur la terre.
7. Je crée même l’outre-monde ; unie avec l’existence absolue, je suis présente dans tous les êtres et mon corps est l’univers tout entier.
8. Le vent est mon souffle et je suis le support les mondes ; par delà les cieux, par delà la terre, car mon existence est infinie.
Notes sur le dernier cours
Cet hymne évoque certains concepts abordés lors de notre dernier cours. Dans notre travail pour comprendre le verset 2.16 de la Bhagavad-gītā, nous nous sommes appuyées sur plusieurs métaphores illustrant la distinction entre les différents niveaux de réalité, entre les propriétés fondamentales des objets et leurs caractéristiques transitoires.
🏺 Le pot et l’argile qui le compose :
- Alors que l’argile est unique, elle peut prendre de nombreuses formes (pot, vase, coupelle, etc.) en conservant sa nature malléable.
- Lorsque nous touchons un pot en argile, nos sens perçoivent l’argile – sa texture, son apparence. La forme du pot est secondaire.
- Avant que le pot soit confectionné et lorsqu’il se casse, l’argile existe et peut prendre d’autres formes. L’existence du pot dans l’argile est limitée dans le temps.
🌊 L’eau de l’océan et les vagues qui s’y forment :
- Les vagues se forment dans l’océan : elles ne sont pas distinctes de l’océan.
- À la formation ou résorption d’une vague, la masse d’eau océanique reste constante.
- Les propriétés intrinsèques de la vague sont les propriétés de l’océan.
💡 L’électricité et l’ampoule électrique :
- L’électricité est présente partout à tout moment, mais on ne prend conscience de son existence que lorsqu’elle est canalisée pour faire fonctionner un appareil électrique, par exemple pour allumer une ampoule.
- Avant d’allumer l’ampoule, on peut avoir l’impression qu’il n’y a pas d’électricité.
- La manifestation de l’électricité sous la forme de lumière grâce à l’ampoule semble différente de l’électricité « à l’état pur », sous sa forme naturelle.
Dans ces exemples, le pot, la vague et l’ampoule allumée représentent les नाम-रूप, nāma-rūpa, littéralement noms et formes, c’est-à-dire l’ensemble des idées et des objets qui composent notre univers. L’argile, l’eau de l’océan et l’électricité représentent respectivement सत्, sat, le principe d’existence universel qui sous-tend chaque नाम-रूप, nāma-rūpa.
Parce que nous existons, सत्, sat, est notre nature essentielle. Les concepts et formes qui se manifestent dans notre conscience tirent leur existence de notre propre existence. En d’autres mots, mes expériences physiques ou mentales émergent de « ma » propre existence fondamentale. Elles sont transitoires, contrairement à ma nature réelle, qui est immuable et au-delà de l’espace et du temps.
Lorsque nous connaissons notre réelle identité, nous ressentons de la sécurité et pouvons vivre davantage en paix avec nos expériences.
Annonce du prochain cours
Comme c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, je vous propose de réfléchir à des techniques qui peuvent nous permettre de nous ramener à cette réalité lorsque nous le désirons. Il peut s’agir de visualisations, de pratiques, etc., sans forcément faire appel directement aux processus intellectuels védanta. Nous pourrons les partager, voir dans quels contextes les utiliser, comment elles agissent, pourquoi.
Dans la deuxième partie du cours, nous poursuivrons l’étude du deuxième chapitre de la Bhagavad-gītā.
Comme toujours, je vous invite à m’envoyer vos questions, requêtes, etc. par e-mail.
Bonus
En cliquant sur le bouton ci-dessous, vous retrouvez une transcription, une traduction et un commentaire des versets de l’invocation de la Bhagavad-gītā que nous récitons en début et en fin de cours.
Note : Le site web est en chantier, son apparence va évoluer – j’ai quand même publié cette page pour que vous ayez accès à ces textes que nous allons réciter ensemble.
Informations pratiques
Les cours du samedi ont lieu de 11 h à 12 h à l’ADRA au 134 rue de Thèbes, sur la droite en allant de la Place du Nombre d’or à la Place du Millénaire à Antigone.
Les cours du lundi se déroulent de 16 h à 17 h chez les Amoureux de Candolle, 19 rue Lallemand dans l’Écusson.
Dans cette salle, des chaises et des coussins sont disponibles pour s’assoir confortablement, mais il n’y a pas de tables. Prévoyez donc du matériel adapté pour prendre éventuellement des notes.
Conseils
Veillez à arriver suffisamment en avance pour avoir le temps de vous installer sereinement.
Apportez votre Bhagavad Gītā et ce dont vous aurez besoin pour prendre des notes, si vous avez envie de prendre des notes (attention, pas de tables le lundi).
L’entrée est libre. Si vous souhaitez faire un don à la fin du cours, veillez à apporter des espèces.
Et si vous ne pouvez pas attendre, n’hésitez pas à explorer la présence en ligne de Bhūgītā :
À très vite :)
Sophie
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