🌺 Non dualité dans un monde pluriel: une énigme?
Oṃ !
Dans notre dernier cours, nous avons poursuivi l’étude du chapitre 2 de la Bhagavad-gītā.
Au verset 17, dans la continuité de son discours sur l’existence, Śrī Kṛṣṇa précise la nature अविनाशि, avināśi, indestructible et अव्यय, avyaya, immuable de « ce qui sous-tend l’univers tout entier ». Il ajoute : « Personne ne peut entraîner sa destruction ».
Même si nous avons déjà démontré au verset 16 que nous sommes fondamentalement indestructibles et immuables, cette précision est nécessaire parce que nous confondons souvent les propriétés de notre corps et de notre mental avec notre identité. Au plus profond de nous, nous nous croyons vulnérables, et avons peur de mourir ou de perdre les êtres qui nous sont chers.
Premièrement, nous pensons que nous pouvons, d’une manière ou d’une autre, causer notre propre destruction.
Pour ce faire, il faudrait qu’une partie de nous-mêmes en attaque une autre. Or, l’existence est par définition अव्यय, avyaya, immuable. Il n’existe donc pas de variation en nous : pas de membre, pas d’émotion, pas de pensée ; pas d’auto-création ni d’auto-destruction. Nous sommes « d’une pièce ».Deuxièmement, et c’est plus fréquent, nous avons peur des influences extérieures.
Or notre nature d’existence absolue, qui sous-tend toute chose, exclut la possibilité d’une relation sujet-objet. Les objets sont présents en moi, le sujet, et dépendent de moi pour leur existence (comme l’illustrent les exemples décrits dans nos deux dernières lettres). Quand bien même l’univers tout entier s’acharnerait à nous détruire, notre existence serait ininterrompue.
Au verset 18, Śrī Kṛṣṇa continue de préciser son enseignement pour aider Arjuna à y voir plus clair sur le champ de bataille : « Il est dit que ces corps, par lesquels cela [l’existence] s’incarne, ont une fin ».
L’apparente pluralité des corps est mise en opposition avec le principe singulier d’existence qui semble s’incarner sous différentes formes.
Pour mieux conceptualiser cette distinction, nous avons recours à une comparaison. L’espace est par définition omniprésent et homogène, mais les formes qui nous permettent de faire usage de cet espace sont multiples : maisons, pièces, salles de cours, etc. À tout moment, c’est bien l’espace que nous utilisons, un espace qui existait avant que ces infrastructures soient construites et qui continuera d’exister lorsqu’elles cesseront d’être. L’apparence que revêt l’espace est plurielle, transitoire, utile, mais l’espace en lui-même est unique, permanent – et nous ne pouvons pas interagir directement avec lui.
De la même manière, l’essence des êtres, bien qu’apparaissant comme incarnée (शरीरिण:, śarīrinaḥ) à travers plusieurs corps (इमे देहाः, ime dehāḥ), est une fois de plus décrite comme नित्य, nitya, éternelle et अनाशिनः, anāśinaḥ, indestructible.
Pour connaître vraiment les personnes et des objets qui nous entourent, nous avons besoin de nous distancier de l’utilité qu’ils ont pour nous, de la forme avec laquelle nous interagissons, et qui ne correspond pas à ce qu’ils sont réellement. Toute séparation est en réalité le deuil d’un rôle, d’une fonction qu’une personne ou un objet remplissait dans nos vies.
Lorsque nous percevons les expériences pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des manifestations plurielles de notre propre nature immuable, nos réactions d’attirance et de répulsion s’atténuent. Nous sommes plus stables et réagissons avec moins d’intensité aux événements qui se présentent à nous et aux émotions et pensées qu’ils éveillent en nous.
Nous devenons moins tributaires du monde et gagnons en liberté.
Mais si notre nature ne peut devenir un objet, peut-elle être connue ? La réponse est brièvement évoquée au verset 18 avec la mention du terme अप्रमेय, aprameya, « qui ne peut être un objet de connaissance ».
Pourquoi, et qu’est-ce que cela implique ? C’est, entre autres, ce que nous verrons au prochain cours avec la fin du verset 18.
Nous aborderons ensuite les versets 19 et 20, directement tirés de la Kaṭhopaniṣad.
Je vous invite à relire et à réfléchir au chapitre 2, vers 17 et suivants, à mener vos réflexions et à m’envoyer par e-mail vos questions éventuelles.
Informations pratiques
Les cours du samedi ont lieu de 11 h à 12 h à l’ADRA au 134 rue de Thèbes, sur la droite en allant de la Place du Nombre d’or à la Place du Millénaire à Antigone.
Les cours du lundi se déroulent de 16 h à 17 h chez les Amoureux de Candolle, 19 rue Lallemand dans l’Écusson.
Dans cette salle, des chaises et des coussins sont disponibles pour s’assoir confortablement, mais il n’y a pas de tables. Prévoyez donc du matériel adapté pour prendre éventuellement des notes.
Conseils
Veillez à arriver suffisamment en avance pour avoir le temps de vous installer sereinement.
Apportez votre Bhagavad Gītā et ce dont vous aurez besoin pour prendre des notes, si vous avez envie de prendre des notes (attention, pas de tables le lundi).
L’entrée est libre. Si vous souhaitez faire un don à la fin du cours, veillez à apporter des espèces.
Ça gazouille sur Twitter
Ces derniers jours, nous avons vu des discussions intéressantes émerger sur Twitter autour de la non dualité. Si vous avez un compte, c’est peut-être l’occasion de nous rejoindre ?
À très vite :)
Sophie
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