ॐ Comment trouver sa voie ?
Oṃ!
Notre dernière lettre – il y a déjà quatre semaines – décrivait comment nous passons de l'ignorance à la connaissance de soi par l'action désintéressée, appelée कर्मयोग, karma-yoga.
Nous vous proposions d'appliquer le karma-yoga dans un domaine de votre quotidien, et d'observer vos attitudes, vos pensées.
L'avez-vous fait ?
Quelles réflexions cet exercice a-t-il fait naître en vous ?
Les participant·e·s à nos ateliers se sont prêté·e·s au jeu – mais avant de partager avec vous leurs conclusions, il y a un sujet que nous devons aborder : le dharma.
En effet, par définition, l'action ne peut être désintéressée que si elle relève de notre libre arbitre et n'est pas motivée par un désir égoïste. Mais alors, de quelles actions s'agit-il ici ? Comment choisir ces actions ?
Cela dépend de notre धर्म ou स्वधर्म, dharma ou svadharma, une notion que nous traduisons souvent un peu rapidement par « devoir ». Le dharma est tout une science, qui n'est d'ailleurs pas l'objet du védanta.
Toutefois, comme ce concept est important pour le karma-yoga, voici quelques pistes de réflexion pour identifier son dharma – à adapter en fonction des situations individuelles :
Ici et maintenant : Notre situation actuelle regorge d'indices – en tant qu'enfant de nos parents, nous avons certains devoirs envers elleux ; en tant que parent de nos enfants, nous en avons d'autres. Que ce soit au travail, dans nos études, dans notre vie citoyen·ne ou affective, notre position ou statut détermine l'attitude la plus appropriée pour nous.
Les idéaux : Selon vous, qu'est-ce qui est important dans la vie ? Il peut sembler difficile d'identifier nos valeurs et idéaux, mais nos réactions face aux choix des personnes qui nous entourent nous mettent sur la piste. Les pratiques contemplatives (méditations, prières) nous aident également. Lorsque nous prenons de la distance, « les bons choix » nous apparaissent avec davantage de clarté. Ainsi, nous pouvons orienter notre vie en fonction des comportements que nous admirons chez autrui. Généralement, un idéal se reconnaît au fait qu'il est bénéfique non seulement pour soi, mais aussi pour les autres.
Notre personnalité : Il y a de nombreuses manières de réaliser une même tâche. Notre personnalité et nos goûts sont uniques et se révèlent dans chacun de nos gestes. Pour notre équilibre et celui du monde, il est essentiel que nos actions soient en harmonie avec nos aptitudes. Pour nous aider à les identifier, la tradition védique fait appel aux qualités omniprésentes dans la création, et notamment dans notre personnalité : गुण, guṇas. Selon l'équilibre des guṇas dans notre personnalité – selon que prédomine सत्त्व, sattva, la connaissance et l'harmonie, रजस्, rajas, l'activité ou तमस्, tamas, l'inertie, et dans quelles proportions –, nous pouvons déceler nos points forts, nos points faibles et déterminer le type d'activité le plus adapté pour notre épanouissement.
Notre environnement : Des critères comme le(s) type(s) de métier qu'exercent les membres de notre famille, peuvent être déterminants. C'est surtout le cas en l'absence d'aptitudes particulières dans un domaine ou d'un fort attrait pour une voie spécifique. Par exemple, on constate dans certaines familles des traits particuliers, comme l'amour du savoir, une préférence pour les activités en libéral ou un savoir-faire spécifique. Cela peut nous renseigner sur notre personnalité et le type d'activité qui nous viendra naturellement.
Ce qui ne doit pas être un facteur décisif pour choisir sa voie : La rémunération. Certes, il faut de l'argent pour vivre, mais choisir sa vie en fonction de l'argent entraîne une perte de sens. Si nous ne travaillons que pour de l'argent, nous devons trouver d'autres moyens de trouver notre place. Nous occupons un emploi où une autre personne s'épanouiraient alors qu'il ne nous convient pas, et nous désertons la place qui nous revient dans la société. À terme, l'argent ne remplace pas la satisfaction au travail et, surtout, lorsque nous travaillons uniquement pour obtenir une rémunération, nous sommes soit dans la survie, soit dans le désir – c'est-à-dire qu'il n'y a pas de place dans notre vie pour l'évolution spirituelle.
Enfin, notre dharma peut évoluer au cours de notre vie. Une fois certains objectifs atteints, nos priorités changent. Nous pouvons donc être amené·e·s à transformer notre mode de vie.
En fonction de nos choix, les possibilités d'évolution spirituelle varient. Souvent, nous nous rendons compte un peu tard que notre choix n'était pas optimal pour nous épanouir tout en pratiquant le détachement.
Il n'est certes jamais trop tard pour revoir ses priorités, mais pourquoi attendre ?
Nous poursuivrons la semaine prochaine sur le sujet du dharma et du karma-yoga et évoquerons quelques solutions décrites par certain·e·s d'entre vous – n'hésitez pas à nous écrire si vous avez envie de partager les vôtres : quelle peut être notre attitude pour continuer de tendre vers l'action désintéressée ? Ces notions sur le dharma ouvrent-elles de nouvelles pistes de réflexion ?
Pour le moment, retrouvons Śrī Kṛṣṇa et Arjuna sur le champ de bataille.
Après une description de l'état de complétude de l'être réalisé, Śrī Kṛṣṇa enjoint Arjuna d'agir avec détachement, évoquant au verset 20 du chapitre 3 les illustres rois d'antan tels que Janaka. Parfaits à tous les égards, ces souverains incarnaient la coexistence dans une seule et même vie de la connaissance du soi et de l'action dans le monde – une action parfois terrible, car ils étaient eux aussi parfois amenés à mener bataille. Avec cet exemple, Śrī Kṛṣṇa montre que l'action n'est pas un obstacle à la réalisation du soi, mais qu'au contraire elle la rend possible, et que l'être réalisé peut continuer d'agir dans le monde (du moins d'un point de vue extérieur).
Les actions des personnes les plus éminentes sont imitées par le peuple : Arjuna se doit donc d'être exemplaire (verset 21).
Śrī Kṛṣṇa n'échappe pas à cette règle – il est un avatar, une matérialisation de l'intelligence cosmique dans un corps humain ; Dieu fait homme, il n'a rien à accomplir, et pourtant, à l'image de l'univers tout entier, il est constamment dans l'action. En effet, s'il cessait d'agir, il mettrait la civilisation en péril par son exemple, et l'univers s'effondrerait (versets 22, 23 et 24).
Śrī Kṛṣṇa conclut donc au verset 25 : « De la même manière que les personnes dans le monde (les ignorants) agissent avec attachement (désirant les fruits de leurs actions), agis également ô Arjuna, mais en tant que personne sage, sans attachement, désirant seulement le bien d'autrui. »
C'est une conclusion sans appel – quand bien même nous aurions réalisé le soi et n'aurions donc plus besoin d'actions intéressées pour satisfaire des désirs personnels ni d'actions désintéressées pour préparer notre mental à la connaissance, il faut continuer d'agir.
Toutefois, dans les premiers versets du chapitre 3 Śrī Kṛṣṇa déclarait que la connaissance et l'action sont incompatibles. Nous avions résolu cette contradiction en expliquant qu'il était était nécessaire de choisir entre renoncement et le karma-yoga.
Avec ces derniers exemples, ne sommes-nous pas face à une contradiction ? Nous allons voir dans les prochains versets qu'il est possible d'aborder cette question sous un angle différent, en réfléchissant à la notion de अहंकार, ahaṃkāra, l'égo, et sa place dans l'action et la connaissance.
Les enregistrements de la Bhagavad-gītā
Vous avez été nombreuses et nombreux à les réclamer – nous allons désormais commencer à mettre en ligne les enregistrements audio des ateliers sur la Bhagavad-gītā.
Vous avez peut-être déjà écouté les enregistrements de la fin du chapitre 2, ainsi que du début du chapitre 3 (désormais répertorié) publiés il y a plusieurs mois.
Vous pourrez très prochainement écouter la suite des cours sur la chaîne YouTube de Bhūgītā.
Extrait de Tattvabodha
Comme vous le savez peut-être déjà, nous avons mis en ligne une séance du cycle de cours sur Tattvabodha, un manuel qui synthétise les notions essentielles de l'advaïta védanta.
La vidéo est accessible ici :
Vous souhaitez étudier Tattvabodha à partir de septembre ? Indiquez vos disponibilités pour les cours en présentiel et/ou sur Zoom.
Informations pratiques
Retrouvez toutes les informations sur les cours en présentiel et en visio sur cette page.
🔥Les horaires de l'année prochaine pour la Bhagavad-gītā et Upadeśa sāra de Shri Ramana Maharshi sont en ligne !
Conseils
Veillez à arriver avec 5 à 10 minutes d'avance.
Apportez votre livre, les supports de cours et ce dont vous aurez besoin pour prendre des notes, si vous avez envie de prendre des notes.
À très vite :)
Sophie