😱 Descendre aux enfers en 8 étapes... et comment en réchapper !
Oṃ!
Nous parlons de maîtrise de soi et de méditation car nous avons vu que les sens nous empêchent de nous concentrer et donc de nous enraciner fermement dans la sagesse. Mais, de manière générale, les expériences sont-elles vraiment si néfastes ?
La réponse est...
Oui ! 👹
... enfin, pas exactement.
En fait, les objets des sens ne nous apportent certes pas de bonheur pérenne, mais il ne suffit pas de se priver de tout pour éviter le malheur (je ne vous apprends rien). Et quand bien même nous nous y essaierions, nous ne parviendrions pas à nous couper du monde et de nos pensées indéfiniment (je vous encourage toutefois à tenter l'expérience).
Finalement, c'est l'attitude avec laquelle nous abordons les expériences qui est déterminante – ce qui est plutôt pratique, car nous avons rarement le choix de ce qui advient dans la vie. Les versets 62 et 63 du chapitre 2 de la Bhagavad-gītā détaillent la spirale dans laquelle nous sommes entraîné·e·s lorsque notre attention est captivée par le monde (c'est-à-dire, a priori, au moins plusieurs fois par jour) :
la personne contemple les objets,
donc elle s'y attache,
cela entraîne un désir de ces objets,
qui (lorsqu'il est contrarié) provoque de la colère,
source de confusion,
se manifestant par l'oubli (de notre but et des moyens par lesquels nous souhaitons y parvenir, comme la maîtrise de soi),
qui détruit le discernement, la faculté à prendre des décisions adéquates,
ce qui précipite la perte (dans le texte sanskrit : la destruction) de la personne.
Tout ça à cause de simples objets...
Nous avons si peu l'habitude d'observer nos processus psychiques, et ceux-ci sont au demeurant si rapides, que cette « échelle de la descente aux enfers » peut, au premier abord, nous sembler éloignée de la réalité.
Pourtant, à y regarder de plus près, nos pensées tournent fréquemment autour d'objets précis – statuts, expériences, relations, personnes, etc. – et, à moins que nous y coupions court, ils finissent par nous sembler désirables. Il n'est pas rare que nous tentions de nous les procurer, quitte à payer un prix élevé en termes de temps et d'énergie, au point d'être distrait·e·s de notre but réel... À chasser les objets, nous courons à notre perte : c'en est fini de notre libre arbitre et l'aspirant·e spirituel·le en nous cède la place à un autre personnage.
Est-ce une fatalité ?
Non, bien au contraire ; et c'est justement pour cette raison que Śrī Kṛṣṇa nous en parle. Nous pouvons évoluer et nous libérer de ce fonctionnement ! En effet, il nous est dit au verset 64 qu'il est possible de vivre dans le monde tout en connaissant la sérénité – प्रसादम्-अधिगच्छति, prasādam-adhigacchati – sous trois conditions :
il faut être विधेयात्मा, vidheyātmā, discipliné·e, c'est-à-dire être capable de maîtriser son mental,
आत्मवश्यैः इन्द्रयैः, ātmavaśyaiḥ indriyaiḥ : il faut maîtriser nos sens (la même qualité que dama, la pratique appelée indriyanigrahaḥ) et
रागद्वेषवियुक्तैः, rāga-dveṣa-viyuktaiḥ : nos sens (et donc notre mental) doivent être libres d’attachement et d’aversion – cette personne n'éprouve pas la nécessité d'étiqueter « j'aime » ou « je n'aime pas » tout ce qui l'entoure ni de faire ses choix uniquement sur la base de ces jugements.
La paix est de ce monde – tant que nous ne nous laissons pas entraîner par nos sens impétueux ni ne consacrons tout notre temps et notre attention à divers objets, mentalement.
Si notre mental ne doit pas être concentré sur les objets, alors où diriger notre attention ? Sur la véritable nature du monde, qui est aussi notre véritable nature ; mais pour commencer, sur la création dans sa globalité. Ce type de pensée apporte de la sérénité dans nos vies et nous prépare à la connaissance.
Notre savons par expérience que nous éprouvons un certain plaisir à être serein·e, mais savons-nous que cultiver la sérénité est la voie du bonheur ? C'est ce qu'affirme Śrī Kṛṣṇa au verset 65 : « dans la sérénité, tout malheur est détruit » et ce, pas uniquement au court terme, mais bien de manière définitive, car « chez la personne dont l'esprit est serein, la connaissance devient bientôt fermement établie » – la connaissance de sa véritable nature comme plénitude absolue.
Lors de la prochaine séance, nous continuerons de réfléchir à la place des objets pour une personne qui est en recherche de bonheur. Que pensez-vous de ce passage ? Pensez-vous que Śrī Kṛṣṇa dresse ici un constat plutôt optimiste ou pessimiste ? Trouvez-vous ces versets décourageants ou contiennent-ils plutôt un message d'espoir ? Quelles sont vos expériences autour de la sérénité et des objets ?
🌘 Śivarātrī lundi 28 février
Cette date est considérée comme propice pour tous les types de pratiques spirituelles. À cette occasion, en Inde, de grands rituels sont organisés en l'honneur de Śiva et Pārvatī. Les fidèles jeûnent et veillent en répétant le mantra Oṃ namaḥ śivāya pendant que les prêtres récitent des heures durant l'hymne védique Śrī Rudram, tout en réalisant des abhiṣekams (du lait, du yaourt, du miel et d'autres substances sont versées sur les statues, qui sont ensuite ornées d'impressionnants arrangements floraux).
Pendant ce temps, les sannyāsīs, les renonçant·e·s, sont absorbé·e·s en méditation...
Informations pratiques
Retrouvez tous les lieux et horaires des cours sur cette page.
Vacances pour Tattvabodha la semaine du 28 février au 7 mars. Sauf imprévu, les ateliers sur la Bhagavad-gītā se poursuivront à ces dates.
Conseils
Veillez à arriver 5 à 10 minutes avant le début.
Apportez votre livre, les supports de cours et ce dont vous aurez besoin pour prendre des notes, si vous avez envie de prendre des notes.
À très vite :)
Sophie