Le chemin de vie védique
Oṃ!
Pour comprendre la Bhagavad-gītā, il faut évoquer le chemin de vie présenté dans les Védas. Toute la société védique s'articule autour de ce concept, et il influence jusqu'au questionnement d'Arjuna.
Dans le parcours védique, l'idéal porté par la société de consommation n'est qu'une étape intermédiaire. C'est d'ailleurs ce que nous pouvons identifier chez « les gens qui ont tout pour être heureux » : ayant obtenu ce dont le commun des mortel·le·s ne peut que rêver, ces personnes continuent de chercher le bonheur... comme tout le monde, finalement.
Les plaisirs, l'argent et la reconnaissance ont leur place, mais ne sont pas un but en soi – une fois satisfaits, ces désirs sont relégués au second plan et la maturité qui s'ensuit transforme notre vision du monde et de la vie. Pour le dire autrement, lorsque nous ne sommes plus obnubilé·e·s par divers désirs, nous commençons à réfléchir au véritable but de notre existence.
Ce désintérêt pour les désirs personnels signifie-t-il que, lorsqu'on a des aspirations spirituelles, il faille changer de vie, renoncer à tout, se couper de la société ?
Cette perspective inspire de la répulsion à beaucoup. À juste titre...
D'une part, il ne serait pas très spirituel de se soustraire à nos obligations familiales, professionnelles, interpersonnelles, sociales. D'autre part, nos aspirations ne nous quittent que rarement du jour au lendemain. Généralement, leur emprise sur nous ne s'estompe que progressivement.
Nous avons donc besoin de pratiques nous permettant de nous épanouir tout en restant dans la société.
Le premier éveil spirituel est un éveil à la dimension spirituelle de notre existence. Mais celui-ci n'est pas obligatoirement synonyme de changement au niveau matériel.
Pour nous accompagner dans cette transition tout en douceur, la pensée védique articule quatre grands principes :
Tu n'as le droit que d'agir
Tu ne peux pas avoir d'exigences vis-a-vis des fruits de tes actions
Que les résultats futurs de tes actions ne soient pas ta motivation
Ne sois pas attaché·e à l'inaction
Positionne-toi ainsi, libère-toi de tes attentes, accepte que les conséquences de tes actes puissent être favorables ou défavorables, puis agis. Le yoga, c'est l'équanimité. (Bhagavad-gītā, chapitre 2, versets 47 et 48)
Au chapitre 3, Śrī Kṛṣṇa introduit le concept de यज्ञ, yajña, sacrifice. Ce terme est à comprendre dans le sens d'offrande, un geste effectué spontanément, sans exiger de résultat en retour – un acte d'amour, pourrait-on dire.
Réalisée dans un esprit d'équanimité, l'action désintéressée est libératrice.
En effet, par nature, une telle action ne se produit que parce que la situation l'exige (et non pour satisfaire une envie personnelle ou superflue), par exemple lorsqu'un·e parent·e s'occupe de son enfant ou un·e médecin soigne des patient·e·s. Ce type d'action a donc un impact positif sur le monde – elle est sattvique.
Mais surtout, la personne qui l'effectue n'est contrôlée ni par ses émotions ni par ses attentes, puisqu'elle est équanime. En agissant de la sorte, nous réinventons notre place dans le monde, nous adoptons un positionnement juste.
Inversement, les actions qui consistent à prendre sans donner en retour nous entravent (verset 9). Elles nous rendent esclaves de nos pulsions et de notre égocentrisme. Elles nous privent de notre libre arbitre.
Or le libre arbitre est au cœur de notre condition humaine. Contrairement aux animaux, pour lesquels cette question ne se pose même pas, nous pouvons choisir d'agir de manière intéressée ou désintéressée.
Lorsque nous n'agissons qu'avec intérêt, nous avons une vision courte. Nous avons tendance à oublier que nous sommes dépendant·e·s de l'ensemble de l'univers. Si nous adoptons une démarche de pure exploitation sans contrepartie, nous trahissons notre nature d'êtres humains et notre place dans le monde.
L'action désintéressée, यज्ञ, yajña, le sacrifice, est inhérente à l'humanité. C'est la clef de notre prospérité, le moyen par lequel nous sommes comblé·e·s (verset 10).
Un bien précieux rappel...
Dans notre prochaine lettre, nous continuerons d'approfondir ces questions grâce à l'éclairage de Śrī Kṛṣṇa sur le juste positionnement dans l'action compte tenu de notre place dans l'univers, à la lumière du troisième chapitre de la Bhagavad-gītā.
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Sophie