Prendre les rênes de sa destinée pour s'aligner sur ses idéaux
Joyeux Dusserha ! Joyeuse Vijayādaśamī !
Aujourd'hui, à l'issue du festival des neuf nuits consacré aux manifestations du divin dans des aspects féminins (Navarātri), l'Inde célèbre la victoire de l'ordre sur le chaos, du bien sur le mal, de la justice sur l'injustice, de la connaissance sur l'ignorance, de la lumière sur l'obscurité.
Notre vie se compose essentiellement d'une série de décisions.
À chaque instant, nous avons la possibilité d'emprunter une voie qui nous paraît juste ou de bifurquer. Parfois, nous savons ce qui est le mieux pour nous et nous tournons le dos à ce chemin comme malgré nous.
Si nous réfléchissons à notre passé, qu'est-ce qui motivait les actions que nous n'assumons plus aujourd'hui ?
Nous pouvons retourner la question : est-ce que si, dans ces situations, nous n'avions rien eu à perdre, rien à gagner, rien à craindre, si nous avions été parfaitement stable et satisfait·e, aurions-nous agi autrement ?
Selon les mots de Śrī Kṛṣṇa au verset 37 du chapitre 3 de la Bhagavad-gītā, c'est parce que nous éprouvons une avidité (née d'une agitation inhérente à ce corps et ce mental) que nous perdons notre discernement, au point de ne plus pouvoir nous aligner sur nos valeurs (verset 38). Les sages reconnaissent dans ce feu insatiable leur ennemi (verset 39), tandis que les personnes moins sages se laissent gaiement entraîner dans une quête sans fin.
Il est dit que le désir ne naît pas en dehors de nous mais se manifeste au niveau des sens qui perçoivent le monde, du mental qui traite ces expériences et de l'intellect qui soupèse et prend les décisions. C'est donc par l'intermédiaire de ces parties de nous-mêmes que l'avidité nous plonge dans la confusion (verset 40). Par exemple, lorsque nous voyons une publicité, nous la ressassons mentalement jusqu'à ce que nous puissions justifier intellectuellement de céder à la tentation : nos perceptions, donc le monde, ont le pouvoir d'infléchir nos valeurs par le biais d'un mental complaisant.
La première étape pour reprendre le contrôle de notre destinée consiste donc à maîtriser nos sens (verset 41) – c'est-à-dire à éviter de nous exposer à des expériences qui perturberaient un·e aspirant·e spirituel·le. Il peut s'agir de films violents ou mélancoliques pour une personne sensible, de se déplacer en voiture pour une personne qui a tendance à s'énerver au volant, ou même d'entretenir des relations tumultueuses si c'est un facteur d'instabilité dans notre vie.
La maîtrise des sens est un bon début pour réduire notre niveau d'agitation (rajas), d'insatisfaction et de frustration, qui au verset 41 sont décrites comme capables de dissoudre nos connaissances et notre sagesse spirituelles durement acquises. Il est nécessaire, le temps de s'établir plus fermement dans le Soi, de protéger cette fragile flamme spirituelle en nous.
Le degré de notre motivation, de notre engagement sur la voie spirituelle ou de notre désir de libération est décisif : l'intellect et le mental seront beaucoup plus fermes et les sens plus dociles si la volonté est forte. Ainsi, il peut arriver qu'une personne généralement peu disciplinée, lorsqu'elle trouve sa voie, fasse preuve d'un niveau de discipline dont elle ne se savait pas capable.
Mais les sens sont tumultueux et il est difficile de les contrôler dans la durée, dans toutes les situations. C'est pourquoi Śrī Kṛṣṇa nous rappelle en quelques mots, au verset 42, une leçon de la méthode du discernement des cinq enveloppes : les aspects de notre personne qui sont les plus subtils (le mental, l'intellect) sont plus puissants que ceux qui sont plus grossiers (les sens) – nous ne sommes pas condamné·e·s à être sous le contrôle des sens et donc soumis·e·s aux expériences.
Pour comprendre le propos de Śrī Kṛṣṇa, prenons la métaphore de la calèche tirée de la Kaṭhopaniṣad :
Le monde perçu est comme une route ;
Les sens sont comme des chevaux – qui idéalement sont bien dressés ;
Le mental correspond aux rênes : fermes, de bonne qualité, ils sont un simple outil entre les mains du cocher ;
L'intellect est symbolisé par le cocher aux mains fermes, la destination, qui connaît la route et indique le chemin aux chevaux grâce aux rênes (le mental) ;
Le Soi s'apparente au passager, qui commande à tout l'équipage par l'intermédiaire du cocher (l'intellect) mais n'intervient jamais.
Ainsi, connaissant le Soi (grâce à notre mental purifié) comme étant infiniment subtil, à la fois ce qu'il y a en nous de plus intime et support de l'univers, nous pouvons détruire cet ennemi fatal qu'est le désir (verset 43).
Mais n'est-ce pas paradoxal de devoir réaliser le Soi pour vaincre enfin le désir, qui est lui-même un obstacle à la réalisation du Soi ?
Qu'en penses-tu ?
La prochaine fois, nous aborderons cette question et conclurons le chapitre 3.
Les ateliers
Tattvabodha
Cycle de 25 cours sur Tattvabodha, La connaissance de la réalité, de Śri Śaṅkarācārya, à partir d'aujourd'hui (5 octobre) : mercredi à 13h sur Zoom (ID de réunion : 892 3734 6459 ; code secret : 397445)
Ce texte intitulé La connaissance de la réalité est un manuel des concepts védiques.
Il aborde les qualifications de l'aspirant·e spirituel·le, les cinq éléments, les qualités fondamentales de la nature (guṇa) et leurs liens avec les sens et les organes d'action, les trois corps...
L'étude de ce texte permet de comprendre les grands principes du sāṃkhya, pour une vision plus subtile et approfondie du védanta, mais aussi du yoga, de l'ayurvéda et des autres sciences védiques.
Ce mercredi 5 octobre, à 13h, à l'occasion auspicieuse de Dussehra, nous commençons un cycle de 25 cours hebdomadaires sur ce texte. Il sera possible de nous rejoindre en cours de route, tout au long du mois d'octobre.
Vidéo de présentation de Tattvabodha : https://youtu.be/v-8XF5JMZt0
Exemple de cours : https://youtu.be/pe14lBI9-_4
Bhagavad-gītā
Rencontres hebdomadaires autour de la Bhagavad-gītā :
mardi à 10h30 sur Zoom (ID de réunion : 896 0916 0032, code secret : 972280)
jeudi à 18h30 aux Beaux-Arts chez Yogahimsa au 22 rue Saint-Léon à Montpellier
dimanche à 18h30 sur Zoom (ID de réunion : 896 0916 0032, code secret : 972280)
Support de cours conseillé : la Bhagavad-gītā commentée par Swami Chinmayananda, publiée aux éditions Trédaniel (ISBN : 978-2-8132-2089-9).
En complément : la Bhagavad-gītā de Colette Poggi, le Mahabharata abrégé de Jean-Claude Carrière et le film du même nom réalisé avec Peter Brooke.
Upadeśa sāra
Cours sur L'essence de l'enseignement de Shri Ramana Maharshi :
lundi à 14h30 dans l'Écusson, chez les Amoureux de Candolle au 19 rue Lallemand à Montpellier
mardi à 18h30 aux Beaux-Arts chez Yogahimsa au 22 rue Saint-Léon à Montpellier
vendredi à 19h sur Zoom (ID de réunion : 884 6499 4407, code secret : 187535)
Pour acheter le support de cours pour L'essence de l'enseignement, rendez-vous ici.
Envie d'en savoir plus ? Toutes les informations sur le programme 2022-2023 sont en ligne ici.
Et pour nous contacter, il suffit de répondre à cet e-mail.
Montpellier : atelier Ganesh ce dimanche 9 de 15h à 17h
La culture indienne est riche en symboles qui sont des supports pour décrire la réalité dans laquelle nous vivons. En réfléchissant à ces symboles, nous apprivoisons le réel.
Notre premier atelier à l'Espace Akashik sera dédié à Ganesh ou Gaṇeśa, l'aspect du divin à tête d’éléphant qui préside aux obstacles.
Au cours de cet atelier en trois temps, nous commencerons par réciter les mantras et versets en sanskrit les plus courants pour invoquer Ganesh.
Les mantras et versets seront expliqués mot par mot et l’accent sera mis sur la prononciation juste.
Nous aborderons ensuite quelques éléments sur la place de Ganesh dans la tradition védique.
Nous finirons avec un temps de réflexion sur le rôle des obstacles dans la vie spirituelle et d’échanges sur la non-dualité (advaïta védanta) à la lumière des messages véhiculés par Ganesh.
Les tarifs : à partir de 10€
Public : Curieuses et curieux, personnes souhaitant apprendre et pratiquer des mantras, personnes intéressées par la philosophie védique. Il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances préalables sur la culture indienne.
À très vite :)
Sophie