🐢 S'ancrer en soi
Oṃ!
Lors de notre dernière séance, nous avons évoqué la pratique appelée निदिध्यासनम्, nididhyāsanam, méditation védantique. La description de la personne fermement établie dans la connaissance, स्थितप्रज्ञा, sthitaprajñā, aux versets 58 à 61 du chapitre 2 de la Bhagavad-gītā, indique en effet dans des termes non équivoques que, pour atteindre cette fermeté intellectuelle qui transforme durablement notre rapport au monde et à soi, il est impératif de maîtriser ses sens, de pratiquer régulièrement et avec application, en se concentrant sur notre objectif – l'absolu.
La maîtrise des sens est une seconde nature pour la personne établie dans la connaissance ; telle une tortue, कूर्मः, kūrmaḥ, qui retire ses membres sous sa carapace, cette personne peut s'isoler du monde en contrôlant ses perceptions et actions, abritée par la connaissance (verset 58). Cette capacité à tenir les rênes de ses organes de perception et d'action, इन्द्रियनिग्रहः, indriyanigrahaḥ, peut être mise en miroir avec दमः, damaḥ, la maîtrise de soi au niveau physique, l'un des prérequis à l'étude du védanta énoncés dans Tattvabodha.
Mais, comme vous le savez peut-être, il n'y a rien de tel que de se priver de quelque chose pour déchaîner nos passions : à peine nous résolvons-nous à, par exemple, éviter les sucreries, que notre esprit produit mille images tentatrices. Pourtant, au verset 59, Śrī Kṛṣṇa explique que, परं दृष्ट्वा, paraṃ dṛṣṭvā, ayant perçu la réalité suprême, nous cessons d'être dominé·e·s par notre goût pour des expériences diverses et variées*.
Comme en témoigne le verset 60 de façon poignante, ce chemin est semé d'embûches : les sens détournent violemment le mental, même chez les pratiquant·e·s sages et appliqué·e·s. Ce verset ne doit pas nous décourager, mais plutôt nous permettre de le reconnaître lorsque cela nous arrive, ce qui se produit immanquablement. Il souligne aussi l'importance de la persévérance.
Il faut préciser que, dans le contexte de cet enseignement, il ne s'agit pas de se refuser des plaisirs ni de refouler nos désirs de façon générale, mais de créer, lorsque nous le souhaitons, les conditions propices à la méditation.
Pour les personnes dont la connaissance est encore vacillante, il est en effet suggéré au verset 61 de pratiquer la méditation : तानि सर्वाणि संयम्य, tāni sarvāṇi sanyamya, ayant contenu tous ceux-là [les sens et organes d'action], युक्त, yukta, maître·sse de soi, आसीत, āsīta, iel doit s'asseoir मत्परः, mat-paraḥ, en fixant son esprit sur moi... « Moi » signifie ici l'absolu, soit dans sa manifestation la plus exaltée, l'univers ou Dieu, soit dans sa forme essentielle qu'est le sujet, le « je » qui anime chacun de nos cœurs.
La nécessité de pratiquer la méditation est une fois de plus soulignée dans la deuxième moitié du verset : वशे हि यस्येन्द्रियाणि तस्य प्रज्ञा प्रतिष्ठिता, vaśe hi yasyendriyāṇi tasya prajñā pratiṣṭhitā, la personne dont les sens sont sous son contrôle a une connaissance ferme.
Outre qu'il s'agit d'une recommandation, ce verset est également un avertissement : la personne incontrôlée ne peut se targuer d'avoir atteint la connaissance. Si, après avoir étudié la non-dualité, nous n'en cueillons pas les fruits, est-ce la faute de cette philosophie ancestrale ou bien avons-nous omis une étape ?
Lors de notre prochain atelier, nous évoquerons un peu vos pratiques de contemplation et méditation, si vous en avez. Avez-vous déjà médité sur les enseignements de la Bhagavad-gītā ?
* Quel mal peut-il y avoir à courir après les expériences ? C'est une objection bien naturelle – nous l'aborderons aux versets 62 et 63 dès la prochaine séance ; et nous verrons au verset 64 ce qu'un changement d'attitude peut nous apporter... si nous le souhaitons.
🐚 La Bhagavad-gītā bientôt en visio ?
Trois personnes ont déjà indiqué leurs disponibilités pour étudier la Bhagavad-gītā en visio. Envie de participer ? Ou de recommander ?
Voici le lien : https://framadate.org/l7HbVROwtzqRRqZz
🌘 Śivarātrī lundi 28 février
Cette date est considérée comme propice pour tous les types de pratiques spirituelles. À cette occasion, en Inde, de grands rituels sont organisés en l'honneur de Śiva et Pārvatī. Les fidèles jeûnent et veillent en répétant le mantra Oṃ namaḥ śivāya pendant que les prêtres récitent l'hymne védique Śrī Rudram pendant des heures en réalisant des abhiṣekams (du lait, du yaourt, du miel et d'autres substances sont versées sur les statues, qui sont ensuite ornées d'arrangements floraux élaborés).
Pendant ce temps, les sannyāsīs sont absorbés en méditation...
Informations pratiques
Retrouvez tous les lieux et horaires des cours sur cette page.
⚠️ Il est possible que les cours de ces dimanche 20, lundi 21 et mardi 22 février aient lieu en visio pour éviter tout risque de contagion.
Comme convenu, le cours de jeudi 24 février commencera à 17h.
Vacances pour Tattvabodha la semaine du 28 février au 7 mars. Sauf imprévu, les ateliers sur la Bhagavad-gītā se poursuivront à ces dates.
Conseils
Veillez à arriver 5 à 10 minutes avant le début de l'atelier.
Apportez votre livre, les supports de cours et ce dont vous aurez besoin pour prendre des notes, si vous avez envie de prendre des notes.
À très vite :)
Sophie