J'ai baissé les tarifs des cours.
Mes excuses si ce sujet peut sembler vulgaire, mais je pense que cette conversation est importante.
Oṃ !
Initialement, les cours d'advaïta védanta étaient à prix libre. Ce choix correspond à la tradition indienne et donc, pour moi, à un idéal.
Au fil des mois, j'ai constaté que les personnes motivées me donnaient le montant suggéré (10 €). Inversement, les personnes qui me laissaient quelques centimes (voire rien) avaient une attention fluctuante et leurs interventions rompaient le flux du cours. Alors j'ai choisi de m'adapter au contexte et j'ai posé un prix, tout en précisant que celui-ci était indicatif, qu'il ne devait pas représenter un obstacle, etc.
Les personnes qui avaient toujours donné sont restées, les autres ne sont pas revenues.
Par la suite, de rares personnes ont demandé une réduction, et j'ai bien sûr accepté. Lorsque j'expliquais que la seule chose qui comptait à mes yeux était leur engagement personnel, cela semblait les dissuader un peu. Elles ont toutes arrêté de venir après quelques séances. Et j’avais perdu un temps précieux dans des discussions stériles.
Mais j'ai aussi vu que des personnes précaires ne demandaient pas de réduction, malgré mes invitations à le faire. Et plusieurs élèves me donnaient un peu plus que le tarif proposé, parfois avec une certaine gêne. Il peut arriver que la générosité peine à s'exprimer…
Alors, le mois dernier, j'ai décidé de baisser le tarif mensuel de base : de 45 € à 40 €.
Et j'ai introduit une nouveauté : une catégorie « petits revenus » à 20 € par mois, et une catégorie « soutien » à 60 € par mois.
Dès l'annonce, une élève a immédiatement saisi son téléphone pour compléter les 45 € du mois de mai (elle avait déjà envoyé le paiement) par un virement de 15 € supplémentaires. Et avec beaucoup de grâce, elle m'a remerciée de lui avoir donné la possibilité d'être généreuse.
Avec d'autres, ce fut plus ardu : dans une culture où l'argent détermine une si grande partie de nos vies, il nous est parfois difficile de savoir si nos choix sont guidés par l'aspect financier ou notre véritable motivation intérieure. Bel exercice de discernement... et de déconstruction. Car, au risque de vous bousculer, l'argent est un concept, une construction mentale, un artifice complet. La monnaie et le prix sont complètement déconnectés de la valeur.
Je n’invente rien – le Christ le disait déjà dans la parabole de l'obole de la veuve1.
En soi, le fait que l'argent ne représente pas la valeur n'est pas un problème. Mais c'est tragique lorsqu'on voit la place que nous lui donnons dans notre vie, le rôle qu'il joue dans toutes nos décisions, et à quel point notre rapport à l'argent est lié à l'estime que nous avons de nous-mêmes, de notre temps, de notre vie et de celle des autres.
En prenant conscience de l'artificialité de ce concept, nous pouvons commencer à briser l'illusion du lien argent-valeur et ses implications émotionnelles dans notre vie.
Bien sûr, les contributions financières et les dons sont utiles, bénéfiques et bienvenus. J'apprécie ce qu'ils représentent : votre soutien, l'importance que vous accordez à cette activité de transmission. Bien que la finalité ne soit pas pour moi de gagner de l'argent, cet apport financier me permet d'y consacrer plus d'énergie.
Toutefois : pour faire honneur à l'advaïta védanta, il faut de la concentration, un appétit de connaissance, de la maîtrise de soi, de la motivation. C'est indispensable et le reste est superflu.
De grâce : si les cours ne vous intéressent pas, arrêtez tout de suite ; cela ne vous empêche pas de me soutenir financièrement.
Et s'ils vous passionnent, ne laissez aucun obstacle, ni extérieur ni intérieur, se dresser entre vous et la connaissance du Soi.
Qu’en pensez-vous ?
Ces questionnements rencontrent-ils un écho en vous ?
Quelle est votre attitude vis-a-vis de ce sujet dans votre vie professionnelle ?
Cette publication a rencontré un vif intérêt sur Facebook : pour consulter et rejoindre cette conversation, rendez-vous ici.
Les prochains ateliers...
Ātmabodha, la connaissance du Soi de Śrī Śaṅkarācārya, 68 versets méditatifs.
En ligne (inscriptions ici) :
les dimanches de 18h30 à 19h45 à partir du 2 juin,
les mardis de 10h10 à 11h30 à partir du 4 juin.
À partir du jeudi 6 mai à Montpellier (inscription nécessaire par e-mail) :
de 11h à 12h15 au 19 rue Lallemand (Écusson),
de 18h15 à 19h30 au 22 rue Saint-Léon (Beaux-Arts).
Toutes les informations sur les cours en présentiel et en ligne : bhugita.com/ateliers
À très vite :)
Sophie
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Évangile selon Saint-Luc, chapitre 21 (Source)
(01) Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. (02) Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie. (03) Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. (04) Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »