Oṃ !
Dans le calendrier védique, chaque pleine lune est un temps fort associé à un thème particulier. Aujourd’hui, nous célébrons la naissance de Śrī Veda-vyāsa, et à cette occasion, nous lui avions consacré une lettre l’année dernière. Par extension, nous honorons lors de cette pleine lune tous·tes les gurus, c’est-à-dire les enseignant·e·s, particulièrement dans le domaine de la connaissance du Soi.
Aujourd’hui, alors que nous sommes en pleine étude du texte de Śrī Śaṅkarācārya intitulé Ātmabodha, j’aimerais vous proposer d’écouter l’enregistrement d’un cours. Dans ces versets (dont le texte est en description de la vidéo sur YouTube), Bhāṣyakāra (« celui qui compose les commentaires sur les textes védantiques », un des noms de Śrī Śaṅkarācārya) aborde une question brûlante pour celles et ceux qui aspirent à libération : les pratiques spirituelles peuvent-elles mener à la réalisation du Soi ?
À cette occasion, j’aimerais également évoquer nos conceptions autour de la figure du ou de la guru. L’enseignant·e spirituel·le a un rôle bien précis : nous amener à la libération.
Or j’ai pu lire encore récemment des personnes bien intentionnées conseiller de poser des questions à son guru, pour obtenir de la clarté sur des choix matériels, c’est-à-dire sans lien direct avec la libération.
C’est un peu comme demander à son médecin de guider nos choix de carrière. Non seulement ce n’est pas son domaine, mais ces choix nous appartiennent entièrement et il n’est pas sain de demander à autrui de décider pour soi.
Parce que nous avons une conception très vague de la réalisation du Soi, nous gâchons des ressources précieuses, le temps d’échange avec un maître, un temps qui pourrait être utilisé à meilleur escient, par exemple pour poser des questions sur la libération.
Un autre écueil est celui de l’argument d’autorité. Rien n’est plus intime que notre vie spirituelle et notre rapport au divin. Ce n’est donc pas parce qu’un·e enseignant·e, quand bien même cette personne est notre maître spirituel, un être pleinement réalisé ou même un avatar, qu’il nous faut mettre notre intellect au placard. La réponse d’un·e enseignant·e n’est jamais définitive : c’est une piste de réflexion qu’il convient de parcourir, de s’approprier.
Les doutes sont indispensables pour avancer, et l’enseignement le plus fécond prend souvent la forme d’un échange de questions et réponses – avec l’enseignant·e, les textes ainsi qu’avec lea guru lea plus immédiat·e : en notre for intérieur.
श्री गुरुभ्यो नमः ।
śrī gurubhyo namaḥ
« Salutations aux lignées d’enseignant·e·s. »
Bonne écoute et bonnes réflexions !
Chaleureusement,
Sophie
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